Raid Cape to Cape : un Pirate dans le convoi
Il y a plus d'un mois, quand on m'a proposé de rejoindre le raid, j'ai bien entendu sauté sur l'occasion, en ces périodes de marasme, il faudrait être complètement fou pour refuser une telle invitation. Arrivé sur place à Djibouti, nous voila pris en charge et nous rejoignons l'équipe à l'hôtel.
Nous avons juste le temps de prendre une douche car les véhicules partent en parade dans Djibouti, avant une réception à la résidence de l'ambassadeur de France (Si tu as pensé Ferrero rocher, tu sors) Ambiance grandeur de la France, cocktail et discours...
Puis retour a l'hôtel pour le briefing de l'étape du lendemain.
Réveil à 5h50 (du moins je pensais), mais je n'ai pas mis à l'heure la bonne horloge de mon téléphone qui me sert de réveil.... erreur de débutant... bref je suis près à descendre pour le petit dej' quand on tape à ma porte, c'est l'ouvreur qui m'annonce que le convoi est parti depuis 1/2 h et qu'il a fait le chemin inverse pour revenir me chercher.... J'ai vraiment honte, ça fait pas très sérieux.
Une fois le convoi rattrapé, je rejoint un des Sherpa où je prend ma place à l'occasion d'une pause, et je me familiarise avec le véhicule.
Les Sherpa dans leur version raid, n'ont plus grand chose de commun avec les véhicules militaires d'origine tant sur le plan technique, que sur celui de l'esthétique. L'intérieur est équipé d'un arceau multipoints type FIA, de sièges baquets OMP, de harnais 4 points. Ils possèdent les vitres électriques et la clim.
Au centre, la cabine est divisée en deux par l'énorme tunnel de transmission qui abrite la boite auto Allison. La carrosserie est apparemment constituée d'un mélange de pièces de structure d'origine, et de pièces rapportées en fibre. Il y a pas mal de Carbone, et de pièces moulées sur mesure.
Bref on est plus dans l'univers de véhicules de course type rallye raid, que dans la cabine d'un semi. Si je parle de semi, ce n'est pas par hasard, n'espérez pas (même avec beaucoup d'économies) prendre le volant du Sherpa pour allez faire vos courses, car il faut bel et bien le permis poids lourd pour conduire ce véhicule de cinq tonnes à vide et de neuf tonnes en charge max. C'est important de bien réaliser cela car si on le compare avec un de nos véhicules, on est nécessairement sur de fausses bases. Le Sherpa est plus gros, plus lourd, plus haut que n'importe quel VL 4X4 du marché, et même le Hummer H1 aurait l'air d'une Fiat 500 à coté.
Du coté du poste de pilotage, c'est un hybride entre la position de conduite "camion" avec son volant quasiment à plat, ses commandes de poids lourd comme le frein moteur à l'échappement, la batterie d'interrupteurs sur le panneau de commande, et son frein de parc pneumatique, alors que la commande boite auto, les boutons de blocage des trois différentiels, et les quatre places assises, nous rappellent un terrain plus familier : celui de nos 4X4.
Coté technique technique, le véhicule est propulsé par un moteur Renault 5 cylindres de 4,7 litres turbo diésel de 225 CV et de 800N/M de couple, assemblé à une boite auto à gestion électronique Allison, d'une boite de transfert Axletech avec une gamme courte et de ponts hérités du Midlum 4X4 et d'un système de gestion électronique du gonflage centralisé des pneus. Les jantes sont en 22,5, et les pneus doivent faire entre 44" et 46" de diamètre et 12" ou 14" de large.
Les suspensions sont montées avec un 4 Link non croisé et barre Panhard dont les tirants inférieurs sont des bras en tôle d'acier de 20mm d'épaisseur et les tirants supérieurs sont en tube de 50mm de diamètre montés sur des Silentbloc/rotules. Les amortisseurs sont des Donerre en Coil-over aux dimensions généreuses.
Je n'ai pas fait de photos, car tout le dessous du véhicule est protégé par une tôle de blindage qui vient jusqu'aux ponts, et on ne voit quasiment rien.
La direction est confiée à un boîtier traditionnel lui aussi sans doute hérité du Midlum, qui est positionné à l'avant entre les deux rails du châssis et qui forme par un jeu assez complexe de renvois, un cross-over steering parallèle à la barre Panhard. Voila vous en savez autant que moi d'un point de vue technique.
Alors, comment le véhicule se comporte t'il????? Encore une fois, il faut oublier les comparaisons avec un 4X4 traditionnel, car bien évidement, le poids, le volume, et l'inertie des pièces le rapproche plus d'un engin de chantier que d'un proto de rockcrawling. Mais je dois avouer que pour un véhicule de ce poids, les reprises sont loin d'être ridicules, et que si il n'y avait pas de bridage à 110 km/h, on sent que l'on pourrait sans problème le pousser au delà du raisonnable. Le freinage des quatre énormes disques est très progressif et efficace, et le frein a l'échappement aide à les soulager pour ralentir le véhicule dans les grande descentes.
La tenue de route m'a paru plus que saine si on garde à l'esprit qu'il s'agit d'un poids lourd et non d'un 4X4. Cependant quelques kilomètres après avoir embarqué avec mon pilote dans le Sherpa, un coup de volant un peu optimiste, nous a rappelé que cinq tonnes sur des pneus tout terrain avec une telle hauteur de flanc, se manient avec un certain respect.
C'est une considération qu'un des pilotes de Kerax va oublier 5 minutes plus tard : Alors que nous roulons à bonne allure, la radio annonce "K2 ACCIDENT!!!K2 ACCIDENT!!! le véhicule a fait une sortie de route, il est couché sur le coté!!!!!....A tous les véhicules, halte!!!! halte !!! "
Le ton à la radio est vraiment paniqué et ça a l'air grave...
Notre Sherpa s'immobilise sur le bas coté, et nous essayons de refaire mentalement le trajet des 5 derniers kilomètre que nous venons d'effectuer, pour essayer de comprendre où le Kerax a bien pu sortir de la route.. Vu le ton de la radio, nous sommes assez inquiets... après 5 bonnes minutes de silence radio, notre superviseur demande à tous les véhicules de faire demi-tour et de rejoindre le lieu de l'accident. Nous arrivons sur zone pour découvrir le K2 couché dans un fossé.
Le choc a l'air d'avoir été assez violent... Heureusement, grâce à l'arceau et au harnais, les passagers et le conducteur sont secoués, mais indemnes. Je descend du Sherpa pour aller voir de plus près les dégâts... Sous le choc, le pont avant a reculé de 20 bons centimètres et la barre de direction a cédé. La cabine est endommagée malgré l'arceau extérieur et le pare-brise est cassé. Le plus délicat : le camion est couché sur le coté dans le fossé et le remettre sur ses roues ne sera pas une mince affaire. Une fois que tout le monde a fini de donner son avis, les mécanos et un des chauffeurs expérimentés du convois qui a plusieurs Dakar à son actif et qui est habitué à ce genre de situations, invite tout le monde a aller boire un café plus loin et ils se mettent au travail. Les pièces sont rapidement changées, le pont est remis dans l'axe tant bien que mal, à l'aide du treuil d'un des Sherpa, deux autres Sherpa contournent le K2 en vrai offroad pour se positionner de manière à pouvoir le redresser, les sangles sont posées, on place un Sherpa et un Kerax sanglés l'un à l'autre de l'autre coté pour le retenir, et les treuils commencent à travailler.
Le seul détail, un Kerax pèse 26T et la position où il est couché en dévers n'est pas des plus aisée, le Kerax glisse dans le dévers mais refuse de se relever. Les treuils sont au maximum, mais les Sherpa n'ont pas pu se positionner au mieux et ils dérapent sous les contraintes du treuil. Je sens la tension qui monte.
Cela fait maintenant trois heures que le véhicule est couché et un responsable de Renault truck vient d'arriver de Djibouti. Apparemment, il connaît lui aussi très bien l'Afrique, et ses méthodes "artisanales, mais qui marchent " après, un bref tour de la question, les points d'attache des câbles de treuil sont modifiés, les deux Sherpa font ronfler les moteurs, les treuils peinent, mais au final, le géant commence à se relever tout doucement. En quelques minutes il est sur ses roues, mais en équilibre dans le dévers. Le Sherpa qui était descendu dans le fossé, face à lui, recule, et le tire au fond du fossé qui est plat. Les mécanos se concertent pour savoir s'ils peuvent tenter de redémarrer le camion ou pas. Le poids-lourd a passé près de 3h couché, et ils redoutent que de l'huile soit remonté dans les cylindres. Dans ce cas, le premier coup de démarreur pourrait être fatal... L'huile n'étant pas compressible, elle bloquerait les pistons, et les bielles casseraient en faisant un beau trou sur le coté du moteur... au final, le responsable prend le volant, et enclenche le démarreur petit coup par petit coup en essayant de déterminer si ça bloque ou pas...
Après quelques essais, il lance le démarreur et le moteur s'ébranle comme si de rien était. Pas la moindre fumée, pas la moindre fuite. Il enclenche la première et entreprend de descendre gentiement le long du fossé pour remettre le camion dans l'axe, puis passe la marche arrière et commence à reculer pour trouver un passage assez large pour mettre le camion perpendiculaire au fossé, face au talus. Les mécanos accrochent une sangle à un des Kerax qui est sur la route pour soulager un peu le
franchissement, mais le responsable Renault truck a un très bon coup de volant, et met les gaz au bon moment pour que le K2 franchisse le talus et retrouve ses "petits copains" sur la route. Il est l'heure de se restaurer.
Il fait près de 50° et il n'y a pas un poil d'air. Toute l'équipe se rassemble sur le terre plein situé de l'autre coté du lieu de l'accident, et le repas s'organise. Le pilote du K2 et ces deux passagers sont assez choqués. Ils nous décrivent l'accident, à la sortie d'un virage en léger dévers, le pilote s'est laissé piéger, et le camion, avec les pneu TT et sa charge haut placée a fait une embardée, habitué a conduire des tracteurs routiers, il a compensé un peu trop violemment et le Kerax s'est couché sur la route à 80 km/h. Ils ont glissé sur la route pendant environ 80 mètres pour finir dans le fossé. Nous réalisons qu'ils ont eu énormément de chance qu'aucun camion ne soit arrivé en sens inverse à ce moment la... et que le véhicule se soit couché sur la route et pas dans le fossé... Le gendarme Djiboutien qui nous escorte, nous explique qu'il y a beaucoup d'accidents à cet endroit-là, et nous montre un amas de tôle non loin de nous, sur le terre plein. C'est un accident qui a eu lieu il y a moins d'un mois, bilan deux morts...
L'ambiance se détend, et nous blaguons sur l'état des camions fréquentant cette route et sur celui de leurs chauffeurs blindés au kat... Nous sommes sur la route la plus dangereuse du coin. 5 minutes après, pendant que nous dégustons notre dessert (des glaces magnum) un camion local avec sa remorque finit sa course dans le talus à 15 mètres de nous, sur le terre-plein... il nous a évité de justesse... ses freins ont lâché, cuits par la chaleur et la surcharge. Les roue fument et une horrible odeur de garniture brulée envahit l'air... Il est furieux contre nous et nous ne comprenons pas pourquoi. Le gendarme nous explique que le terre-plein où nous nous sommes installés est en fait une voie de freinage d'urgence où les camions dont les freins lâchent, viennent essayer de s'arrêter... mieux vaut bouger...
Seulement le Kerax accidenté ne peut pas reprendre la route comme ça donc les mécanos doivent faire une vérification complète du véhicule.
L'organisation décide que le convoi va continuer d'avancer un peu pour aller installer le bivouac au plus près, et que les mécanos et le K2 rejoindront les camps une fois les contrôles effectués. Je décide de rester avec les mécanos pour leur filer un coup de main. Bien m'en a pris, en les aidant de mon mieux, et vu que j'ai un regard de novice en mécanique poids lourd, je me concentre sur l'observation des choses que je peux contrôler au mieux de mes connaissances : les alignements. Au bout d'un moment je remarque une pièces tordue, la désigne au mécano, il me regarde étonné, et me sourit, effectivement la pièce est tordue.
En deux secondes le bilan est fait, c'est le bras de levier du frein avant gauche qui est tordu. Ils soulèvent la roue du sol, elle est quasiment bloquée. En se tordant, l'axe a cassé son logement et la flasque qui maintient le mécanisme de frein est complètement tordue. Il faut tout démonter, le camion ne peut pas repartir comme ça.
Le responsable répartit les taches aux divers mécanos, qui savent tous ce qu'ils ont à faire... les ordinateurs sortent des pochettes, les microfiches sont consultées, et rapidement le bilan et l'inventaire de pièces est fait.
Un autre problème surgit, un des Sherpa descendu dans le fossé pour treuiller le Kerax y est toujours, et il refuse de démarrer... Le désert Djiboutien ne fait pas de prisonnier, nous sommes en Afrique, et le véhicule est resté plus de quatre heures à tourner sur place, à treuiller ou à tracter dans cette fournaise avec la clim à fond. Il y a une panne électrique... le calculateur s'est mis en sécurité. Le téléphone satellite et l'ordinateur entrent en action, et un des ingénieurs discute les codes d'erreur du calculateur avec son confrère à la maison mère en France... après un bon moment, multimètre à la main, téléphone à l'oreille et ordinateur sur les genoux, le verdict tombe : il y a une masse qui s'est créée au niveau du solénoïde de démarreur. Après une rapide inspection, le fautif est identifié, mais il est placé entre le chassis, les plaques de blindage et le turbo. Il faut démonter la moitié du camion pour accéder au démarreur... En bon pirate, je propose d'attaquer la cloison pare-feu par l'intérieur à la disqueuse histoire d'accéder au démarreur qui est juste derrière et de coller un petit coup de tournevis sur les bornes du solénoïde pour l'actionner en direct... l'ingénieur me fait des gros yeux : non il ne laissera personne approcher un de ses bébés avec une disqueuse, et encore moins un énergumène dans mon genre... je tente une approche plus raisonnable : "et... avec une perceuse et un gros forêt...si je peu passer le tournevis...."? on me fait gentiment comprendre que, non, pas de méthodes "Pirate" sur un véhicule à 1/2 million d'euro... je n'insiste pas... au final on accroche le Sherpa derrière le K2 dont les mécanos ont viré les freins avant et sanglé le pont avant, et hop direction le bivouac... à l'arrivée il est 2h du mat et tout le monde dort... je n'ai pas de tente... donc je dors sur le capot du Sherpa.
Le lendemain ... enfin 4 h plus tard, réveil, p'tit dej' sur le pouce, et en route ! Nous avons beaucoup de trajet à faire pour rattraper le retard. Le K2 et le S4 nous abandonnent il y a trop de réparations à faire ils seront convoyés directement à Nairobi pour y être réparés dans un atelier Renault. Après une route de 150 km, jonchée d'épaves affreusement broyées, la frontière Ethiopienne approche. Le chef de convoi nous demande de planquer tout le matériel photo et vidéo, car officiellement nous sommes "touristes". Ce fut la partie la plus fun mais aussi la plus dure du voyage, la clim et le frigo de notre Sherpa ayant des difficultés, il fait 47° dans le camion, et nous tournons à 20 petites bouteilles d'eau par personne et par jour.
Arrivé à la douane, le convoi ne passant que très moyennement inaperçu, les négociations s'entament pour savoir ce qui va être fouillé dans les camions... Inutile de vous dire que l'on commence à se dire que le cirque peut durer longtemps s'ils décident de faire l'inventaire du camion de pièces détachées caisse par caisse.
Nous avons une journée de retard, par rapport aux papiers de douane et toutes les raisons sont réunies pour nous montrer qui est le patron.
Mais bon tout le monde sourit et garde son calme, on fait amis amis avec les douaniers, et après quelques contributions aux bonnes œuvres locales, tout rentre dans l'ordre. Direction le bas du désert du Danakil, où nous ne pourrons finalement pas entrer car deux touristes Italien et un Américain ont sauté sur une mine. Les autorités et l'organisation ne souhaitant pas vérifier la résistance des soubassement de nos camions avec des journalistes a bord, nous optons pour une route plus au sud en longeant le Danakil. Après 150 km supplémentaire nous voici arrivés à notre deuxième bivouac dans une plaine désertique immense. Notre correspondant local nous fait bien comprendre que la zone est assez tendue et nous nous endormons entourés de huit garde des forces spéciales Ethiopiennes armés qui veillent sur notre sécurité.
Les habitants du coin, les Afars ayant la Kalachnikov facile et le sens de l'humour assez restreint, c'est pas plus mal.
Aujourd'hui, c'est décidé, j'abandonne lâchement mon pilote et mon Sherpa sans clim pour prendre place a bord du Sherpa presse qui a le droit de prendre de l'avance et de s'arrêter pour nous permettre d'effectuer des images du convoi.
Heureusement, car nous avons quitté la route (enfin si on peut appeler ça une route) et le convoi navigue dans un océan de poussière et il est carrément impossible de faire des photos en restant dans le convoi. Cela me donne l'occasion de voir que lorsque le rythme s'accélère, le Sherpa fait preuve de très bonnes reprises et nous remontons le convoi qui roule à 80 km/h sans problèmes. La piste large, défoncée et plate commence à vallonner et le paysage commence à changer. Nous abordons les contreforts des haut plateaux et la route se met à serpenter dans les collines, puis assez rapidement dans les montagnes. Notre petite troupe fait une halte pour la pause café, et nous prenons le temps d'admirer le panorama, nous sommes à 1800 m d'altitude, et derrière nous s'étirent les 100km de piste que nous venons de faire. La vue est magnifique, et nous sirotons notre café en regardant le paysage. Il est déjà temps de repartir, c'est pas tout ça mais il y a de la route à faire... Notre étape du jour nous emmène bien au-delà des 2800m, le paysage change radicalement, les rochers se couvrent peu à peu de végétation, puis d'une forêt d'eucalyptus. Nous retrouvons l'asphalte. Les camions mordent la route avec entrain, et les abords sont de plus en plus fréquentés. Nous traversons des hameaux, puis des villages colorés grouillant d'activité dans une sympathique anarchie où l'odeur divine du café fraichement torréfié est malheureusement souvent couverte par les fumées asphyxiante des camions Fiat de années 50 qui doivent consommer plus d'huile que de gasoil.... le paysage est magnifique et à la fin de la journée nous atteignons notre point de bivouac. Un endroit magnifique blotti au cœur d'une vallée magnifique, sur les berges d'une petite rivière.
Nous plantons nos tentes dans un champ de sauge sauvage et de menthe poivré. C'est la première fois depuis trois jour que l'air est respirable, et que la température est parfaite. Après un dîner délicieux préparé par notre chef "Mouss", je laisse mes compagnons de raid aller se coucher et je vais traîner du coté des camions assistance où les mécanos sont à l'œuvre. La maintenance n'ayant pas pu être faite car nous avons perdu une journée lors du crash du Kerax, il ont deux fois plus de boulot. Le chant poétique de la lame d'une disqueuse, les chauds éclairs d'un poste à souder m'ont appelé... Tiens finalement on adopte les méthodes pirates !!!
Un support d'évaporateur de circuit de frein a lâché et une réparation s'impose... Bien que ce soit tout a fait dans mes habitudes, le regard noir revient quand je propose de découper un morceau de pelle pour récupérer un bout de tôle afin de fabriquer une pâte de renfort... bon... bon j'ai rien dit.....
Je monte ma tente ou plutôt j'essaie... je ne suis décidément pas fait pour le camping... après une demie heure de combat et un honneur dans les chaussettes, un membre de l'équipe vient à mon secours... on peut pas être bon partout à la fois... je me réconforte à l'aide de quelques bières et un peu de sauvegarde de photos, il est l'heure de se glisser dans son duvet... sauf pour moi... le ciel est magnifique et plein d'étoiles, je sort donc tout mon matériel et mes flashs de studio pour faire des photos de nuit... au bout d'une heure je suis tombé trois fois dans le noir, dont une dans l'eau de la rivière heureusement très peu profonde, des insectes non identifiés ont envahi mes vêtements, je n'arrive pas a retrouver ma tente, mais je suis heureux, car j'ai pu faire l'image que je voulais.
Donc direction le sac de couchage.
A 7 heure le rituel recommence, pliage de tente, chargement des camions, p'tit dej', rangement du bivouac, et en route ! Au menu du jour 3 cols à plus de 2700m et 340 kilomètres de piste de montagne.... Pour arriver à Lalibela... Tout vous décrire serait trop long, et je n'arriverais pas à vous retranscrire la beauté des paysages. Nous quittons une région très verte pour replonger dans des espaces plus arides qui ne sont pas sans rappeler la région du grand canyon aux USA.
Des pentes vertigineuses que les bahuts grimpent sans soucis, des vallées où à perte de vue un paysage lunaire, et au final, même nos mastodontes semble infiniment petits tellement l'espace s'étend à perte de vue.... Ayant pris beaucoup d'avance avec le Sherpa presse pour faire des images du convoi dans la montagne, nous coupons le moteur et un silence d'une oppressante beauté nous a envahi. Je ne suis pas un grand sentimental dans l'âme, mais je dois avouer que le panorama qui s'offre à nos yeux est surréaliste... Au loin un imperceptible grondement se fait entendre... Le reste du groupe nous a rattrapé... fin du rêve.
J'enchaîne quelques clichés et le Sherpa s'ébroue, signe du départ...
Le pilote veut rester à l'avant le plus possible car sur ces pistes étroites à flanc de précipice, on ne double pas, et rester dans le convoi signifie manger de la poussière pendant les 80 kilomètres qui nous séparent de Lalibela.
Ces derniers kilomètres passent très vite et nous arrivons dans la ville Sainte où, au 6ème siècle, des hommes ont creusé la roche à mains nues pour établir ces églises gigantesques. C'est dur à expliquer, mais en gros c'est comme si la montagne avait été taillée dans la masse par une fraiseuse géante. Ces hommes devaient avoir une sacrée foi en dieu pour se lancer dans un travail aussi titanesque. Notre convoi traverse la ville et nous arrivons à l'hôtel qui est magnifique. C'est une ancienne résidence de dignitaire communiste à l'architecture très futuriste-années 50-marxiste, mâtinée d'un soupçon de mobilier safari en peau de bête. On voit que le lieu a du être splendide, mais l'entretien est plus que douteux, et l'hygiène des sanitaires est assez sommaire, mais les chambres sont spacieuses et confortables.
A l'accueil on nous prévient qu'il y a de l'eau chaude jusqu'à 8H00 donc il s'agit de se dépêcher pour se doucher... Par contre ils ne nous ont pas prévenu qu'il n'y aurait que de l'eau chaude. Très chaude ! Beaucoup trop chaude... et ce par les deux robinets...me voilà donc tel Pierre Richard en train d'essayer de me rincer sans m'ébouillanter, avec cette s*l*perie de gel douche qui veut pas partir sous le filet d'eau mélangé de vapeur qui sort du pommeau de douche. Je ne vais pas tarder à le lâcher car je me brule au troisième degré... Enfin bon je finis par m'en sortir, m'habille prestement, car c'est l'heure de l'apéro, et je compte bien tester la bière locale.
Je rejoint le groupe, ou un des membres de l'équipe me prend à part pour m'indiquer que je ne pourrais pas visiter les églises avec le groupe le lendemain car mon vol initialement prévu tard dans l' après-midi a été annulé à cause du vent, il me faut donc partir le lendemain matin a 5h00 et attendre ma correspondance pour le vol du soir à Addis Abeba. Dommage je ne verrais pas ces églises monolithique de près. Mais du coup on visitera Addis. S'en suit un dîner épique où la nourriture nous fit regretter notre chef, arrosé d'un vin qui avait du passer 10 jours dans un camion local en plein soleil à se faire secouer sur les pistes, mais où la bière comme souvent se révéla excellente et où en demandant le plat national, nous avons finalement réussi à nous régaler. J'ai bien conscience que critiquer la nourriture dans un pays où autant de gens meurent de faim est totalement déplacé, mais à part le plat national, une sorte de crêpe de mil fermenté, qui fut très bon, le reste était vraiment dur à avaler...
Le dernier jour, réveil aux aurores pour prendre le petit avion qui doit nous transférer à Addis, un dernier regard au parc des camions, et c'est la fin de l'aventure.
L'accueil réservé par l'équipe Renault truck a été formidable, et j'en ai pris plein les yeux...
Les véhicules nous on permis de tenir des moyennes hallucinantes aux vues des terrains parcourus, et le tout dans un sentiment de sécurité et de confort exceptionnel. Au fond je n'ai que deux regrets, ne pas être resté plus longtemps, et de ne pas avoir pu prendre en main un de ces monstres.... Mais ça je pense que vous auriez aimé aussi... C'est ce genre de moment qui me fait réaliser à quel point je suis privilégié ... J'espère vous avoir vous aussi permis de vous évader un petit peu. Mais bon! allez retournez au travail, il y a des protos a finir, de la caisse à découper et du véhicule à rehausser! [/align:9945d133e8]
Edgerider.
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Le recit par Casta :
Choc thermique ! Ou l'histoire d'un esquimau qui voulait voir un éléphant.
Vous allez pouvoir suivre étape par étape et à la sauce pirate, l'épopée Cape To Cape de l'équipe Renault Trucks partie le 1er mars du Cap Nord en Norvège pour rallier le cap de Bonne-Espérance en Afrique du Sud. Et oui rien que ça ! C'est tellement allumé comme idée que nous ne pouvions passer à côté de ce cet évènement Français, oui Monsieur une expédition française avec des trucks français, sortez la baguette et le litron.
Bon, le temps d'affûter légèrement les trucks, de passer la doudoune par-dessus le maillot de bain, de réviser les recettes de l'ours polaire sauce gribiche et du requin du cap à l'oseille ; bref quelques mois de préparations et cap au Sud depuis le point le plus au Nord du continent européen.
Ce n’est pas tous les jours qu’un GPS affiche la coordonnée 71°10’21’’ de latitude nord !

Quatre Kerax, six Sherpa Renault Trucks sont chargés du matériel et d'une équipe dont l'émotion est la première récompense de ces longs mois de préparation. Sur eux repose la confiance de toute l'entreprise Renault Trucks qui a eu les gonades de tenter pareille folie délicieuse.
Voici un extrait de la première page de leur journal de bord :
"Fidèle à sa réputation, le Cap Nord, situé sur l’île de Mageroya accueille ses hôtes de passage par de la neige, un vent glacial et une température de -20°. Une fois là-haut, il n’y a pas d’autre choix que de mettre le cap vers le sud et c’est sans se faire prier que toute l’armada s’y soumet !
Sur la route, les salariés de Renault Trucks ont droit à une infinité de nuances dans le relief et les paysages. L’itinéraire, parfois étroit et très souvent verglacé, passe au pied de massifs montagneux, parfois en empruntant des tunnels creusés dans la roche.
Longeant les hautes falaises, Sherpas et Kerax arrivent à Honningsvag, un port de pêche norvégien, niché dans un fjord étroit. Utilisé comme base retranchée par les Allemands lors de la Seconde Guerre Mondiale, il a ensuite accueilli les bateaux plus pacifiques des pêcheurs du coin, qui sont ainsi protégés des tempêtes. C’est que sur les côtes déchiquetées du nord-est de la Norvège, le vent peut être particulièrement violent.
L’ensemble des pilotes de l’équipe Cape to Cape n’était pas peu fier de ces premiers tours de roues et s’engage avec sérénité pour la prochaine étape : la découverte de la Russie."


Gageons que vous aurez plaisir à suivre la belle aventure de cette belle bande de pirates de l'Armada rougeoyante des Renault trucks.
Edit Bebop : Suite du 29 Avril :
Sur les traces de Michel Strogoff : et hop un traineau dans l'fossé, elle est bonne hein la vodka.
Nous avions laissé nos aventuriers dans les fjords de Norvège qui donnèrent leur nom à un célèbre yaourth, les voici à se geler les gommards chez Vladimir (Russie) dont les douaniers sont pas pressés.
Sur la route entre Neiden (en Norvège) et la frontière russe, un sherpa commet une légère déviation du cap sur un petit verglas (foutent rien la DDE en Norvège) et paf au tas le sherpa, pas de bobo et un kerax sortira le sherpa de ce mauvais pas.

Une petite péripétie, mais nos flibustiers de Renault trucks vont avoir tout le temps de se reposer au poste frontière avec la Russie : seize heures d'attente, comme chez nous à la poste!
Pendant que visas et autres paperasses sont épluchés, ré-épluchés, nos joyeux pirates tapent un foot sur glace après avoir fabriqué un ballon avec du ruban adhésif.
Pendant ce temps la, la seule l'une des personne rempli le journal de bord:
"A deux heures du matin, la barrière se lève enfin…jusqu’au premier check-point dix kilomètres plus loin. Tout cela et l’immense ville industrielle et sans charme de Mourmansk nous rappelle que l’ex-empire soviétique n’est pas si loin que ça.
Mais à défaut d’attirer les tour-operators, les habitants de Mourmansk offrent une hospitalité sans borne. La caravane est accueillie par des applaudissements et par un engouement populaire qui fait chaud au cœur. En nous voyant arriver, petits et grands sortent en un clin d’œil leur appareils photos ou leur portable pour se faire photographier à côté de nos véhicules. Espérons que les habitants de Saint Petersburg, prochaine étape nous réserve le même accueil !"


Rendez vous donc à Saint Pierre le bourg (Saint Petersbourg).
Edit Bebop : Suite du 4 Mai :
La place rouge était vide chantait Nougaro,
Do svidania Saint-Pétersbourg, Privet Moscou
Le jeudi 12 mars l'équipée cape to cape pose ses cantines à deux pas de la Place Rouge, dont la couleur fut choisie à l'époque en prévision de la visite des sherpas et kerax, si si .
L'escale à Saint Pétersbourg a permis aux hommes de voir un peu de civilisation, et pour les machines l'occasion d'une inspection et d'un nettoyage généralisé, on voyait plus le rouge. Avant tout il fallait se reposer un peu les yeux, pour prendre le temps d'assimiler les paysages traversés lors des étapes précédentes avant de rallier Moscou en traversant un autre bout de paradis.


Prend à gauche qu'on voit où ça mène, oui je sais la DDE est pas passée, tiens un routier, ça roule encore ça
il est beau ce bahut


Dernier Bivouc avant Moscou : Ostachkov (Осташков).
La douche, la soupe et au lit en prévision d'un réveil au chant du coq, tiens d'ailleurs il est où le coq, quoi dans la soupe, mais bordel comment on se réveille demain.

Bon c'est pas que des vacances, faudrait voir à vendre deux ou troislogan sherpas.
Donc arrêt pour une séance de toilettage, lustrage du poil chez le concessionnaire Renault Trucks au nord de Moscou avant une petite parade en centre ville.
Le lendemain c'est l'évènement avec la présentation devant un beau parterre de tous ceux, impatients de découvrir le sherpa qui rencontre d'ailleurs un franc succès (cocorico, si fredi). Oui y'a pas que les Russes, nous aussi on en veut un.
C'est pas le moment de faire une goutte d'huile sur la moquette, le sherpa est présenté dans une galerie d'art, devant l'ambassadeur de France. Gégé t'as pris les ferreros au fait.
Le marché Russe est énorme, ils ont même l'idée saugrenue zet délicieuse de faire une version 8x8 du kerax, non mais c'est vrai des fois que ça soit légèrement boueux ou pire qu'il y ait de la neige.
Le Dimanche 15 mars la caravane quitte Moscou, cap au Sud (pas compliquée la navigation) direction Voronej.

Edit Bebop : Le Raid, en video (liens HS en cours de reparation) :
Premiere etape le depart du Cap nord.
Click droit sur l'image, "enregistrer la cible sous".
Format .mp4 s'ouvre avec VLC
Seconde étape direction St petersbourg.
hxxp://pirate4x4.fr/Edgerider/cape_to_cape/videos/Etape02_St_petersburg.mp4
Troisième étape, moscou.
hxxp://pirate4x4.fr/Edgerider/cape_to_cape/videos/Etape03_Moscou.mp4
Etape suivante retour en Europe.
hxxp://pirate4x4.fr/Edgerider/cape_to_cape/videos/Etape04_Kiev.mp4
Puis la turquie.
hxxp://pirate4x4.fr/Edgerider/cape_to_cape/videos/Etape05_Turquie_istambul.mp4
Les 2 dernières dispos :
hxxp://www.pirate4x4.fr/Edgerider/cape_to_cape/videos/Etape06_Turquie_Urgup.mp4
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Il y a plus d'un mois, quand on m'a proposé de rejoindre le raid, j'ai bien entendu sauté sur l'occasion, en ces périodes de marasme, il faudrait être complètement fou pour refuser une telle invitation. Arrivé sur place à Djibouti, nous voila pris en charge et nous rejoignons l'équipe à l'hôtel.
Nous avons juste le temps de prendre une douche car les véhicules partent en parade dans Djibouti, avant une réception à la résidence de l'ambassadeur de France (Si tu as pensé Ferrero rocher, tu sors) Ambiance grandeur de la France, cocktail et discours...
Puis retour a l'hôtel pour le briefing de l'étape du lendemain.
Réveil à 5h50 (du moins je pensais), mais je n'ai pas mis à l'heure la bonne horloge de mon téléphone qui me sert de réveil.... erreur de débutant... bref je suis près à descendre pour le petit dej' quand on tape à ma porte, c'est l'ouvreur qui m'annonce que le convoi est parti depuis 1/2 h et qu'il a fait le chemin inverse pour revenir me chercher.... J'ai vraiment honte, ça fait pas très sérieux.
Une fois le convoi rattrapé, je rejoint un des Sherpa où je prend ma place à l'occasion d'une pause, et je me familiarise avec le véhicule.
Les Sherpa dans leur version raid, n'ont plus grand chose de commun avec les véhicules militaires d'origine tant sur le plan technique, que sur celui de l'esthétique. L'intérieur est équipé d'un arceau multipoints type FIA, de sièges baquets OMP, de harnais 4 points. Ils possèdent les vitres électriques et la clim.
Au centre, la cabine est divisée en deux par l'énorme tunnel de transmission qui abrite la boite auto Allison. La carrosserie est apparemment constituée d'un mélange de pièces de structure d'origine, et de pièces rapportées en fibre. Il y a pas mal de Carbone, et de pièces moulées sur mesure.
Bref on est plus dans l'univers de véhicules de course type rallye raid, que dans la cabine d'un semi. Si je parle de semi, ce n'est pas par hasard, n'espérez pas (même avec beaucoup d'économies) prendre le volant du Sherpa pour allez faire vos courses, car il faut bel et bien le permis poids lourd pour conduire ce véhicule de cinq tonnes à vide et de neuf tonnes en charge max. C'est important de bien réaliser cela car si on le compare avec un de nos véhicules, on est nécessairement sur de fausses bases. Le Sherpa est plus gros, plus lourd, plus haut que n'importe quel VL 4X4 du marché, et même le Hummer H1 aurait l'air d'une Fiat 500 à coté.
Du coté du poste de pilotage, c'est un hybride entre la position de conduite "camion" avec son volant quasiment à plat, ses commandes de poids lourd comme le frein moteur à l'échappement, la batterie d'interrupteurs sur le panneau de commande, et son frein de parc pneumatique, alors que la commande boite auto, les boutons de blocage des trois différentiels, et les quatre places assises, nous rappellent un terrain plus familier : celui de nos 4X4.
Coté technique technique, le véhicule est propulsé par un moteur Renault 5 cylindres de 4,7 litres turbo diésel de 225 CV et de 800N/M de couple, assemblé à une boite auto à gestion électronique Allison, d'une boite de transfert Axletech avec une gamme courte et de ponts hérités du Midlum 4X4 et d'un système de gestion électronique du gonflage centralisé des pneus. Les jantes sont en 22,5, et les pneus doivent faire entre 44" et 46" de diamètre et 12" ou 14" de large.
Les suspensions sont montées avec un 4 Link non croisé et barre Panhard dont les tirants inférieurs sont des bras en tôle d'acier de 20mm d'épaisseur et les tirants supérieurs sont en tube de 50mm de diamètre montés sur des Silentbloc/rotules. Les amortisseurs sont des Donerre en Coil-over aux dimensions généreuses.
Je n'ai pas fait de photos, car tout le dessous du véhicule est protégé par une tôle de blindage qui vient jusqu'aux ponts, et on ne voit quasiment rien.
La direction est confiée à un boîtier traditionnel lui aussi sans doute hérité du Midlum, qui est positionné à l'avant entre les deux rails du châssis et qui forme par un jeu assez complexe de renvois, un cross-over steering parallèle à la barre Panhard. Voila vous en savez autant que moi d'un point de vue technique.
Alors, comment le véhicule se comporte t'il????? Encore une fois, il faut oublier les comparaisons avec un 4X4 traditionnel, car bien évidement, le poids, le volume, et l'inertie des pièces le rapproche plus d'un engin de chantier que d'un proto de rockcrawling. Mais je dois avouer que pour un véhicule de ce poids, les reprises sont loin d'être ridicules, et que si il n'y avait pas de bridage à 110 km/h, on sent que l'on pourrait sans problème le pousser au delà du raisonnable. Le freinage des quatre énormes disques est très progressif et efficace, et le frein a l'échappement aide à les soulager pour ralentir le véhicule dans les grande descentes.
La tenue de route m'a paru plus que saine si on garde à l'esprit qu'il s'agit d'un poids lourd et non d'un 4X4. Cependant quelques kilomètres après avoir embarqué avec mon pilote dans le Sherpa, un coup de volant un peu optimiste, nous a rappelé que cinq tonnes sur des pneus tout terrain avec une telle hauteur de flanc, se manient avec un certain respect.
C'est une considération qu'un des pilotes de Kerax va oublier 5 minutes plus tard : Alors que nous roulons à bonne allure, la radio annonce "K2 ACCIDENT!!!K2 ACCIDENT!!! le véhicule a fait une sortie de route, il est couché sur le coté!!!!!....A tous les véhicules, halte!!!! halte !!! "
Le ton à la radio est vraiment paniqué et ça a l'air grave...
Notre Sherpa s'immobilise sur le bas coté, et nous essayons de refaire mentalement le trajet des 5 derniers kilomètre que nous venons d'effectuer, pour essayer de comprendre où le Kerax a bien pu sortir de la route.. Vu le ton de la radio, nous sommes assez inquiets... après 5 bonnes minutes de silence radio, notre superviseur demande à tous les véhicules de faire demi-tour et de rejoindre le lieu de l'accident. Nous arrivons sur zone pour découvrir le K2 couché dans un fossé.
Le choc a l'air d'avoir été assez violent... Heureusement, grâce à l'arceau et au harnais, les passagers et le conducteur sont secoués, mais indemnes. Je descend du Sherpa pour aller voir de plus près les dégâts... Sous le choc, le pont avant a reculé de 20 bons centimètres et la barre de direction a cédé. La cabine est endommagée malgré l'arceau extérieur et le pare-brise est cassé. Le plus délicat : le camion est couché sur le coté dans le fossé et le remettre sur ses roues ne sera pas une mince affaire. Une fois que tout le monde a fini de donner son avis, les mécanos et un des chauffeurs expérimentés du convois qui a plusieurs Dakar à son actif et qui est habitué à ce genre de situations, invite tout le monde a aller boire un café plus loin et ils se mettent au travail. Les pièces sont rapidement changées, le pont est remis dans l'axe tant bien que mal, à l'aide du treuil d'un des Sherpa, deux autres Sherpa contournent le K2 en vrai offroad pour se positionner de manière à pouvoir le redresser, les sangles sont posées, on place un Sherpa et un Kerax sanglés l'un à l'autre de l'autre coté pour le retenir, et les treuils commencent à travailler.
Le seul détail, un Kerax pèse 26T et la position où il est couché en dévers n'est pas des plus aisée, le Kerax glisse dans le dévers mais refuse de se relever. Les treuils sont au maximum, mais les Sherpa n'ont pas pu se positionner au mieux et ils dérapent sous les contraintes du treuil. Je sens la tension qui monte.
Cela fait maintenant trois heures que le véhicule est couché et un responsable de Renault truck vient d'arriver de Djibouti. Apparemment, il connaît lui aussi très bien l'Afrique, et ses méthodes "artisanales, mais qui marchent " après, un bref tour de la question, les points d'attache des câbles de treuil sont modifiés, les deux Sherpa font ronfler les moteurs, les treuils peinent, mais au final, le géant commence à se relever tout doucement. En quelques minutes il est sur ses roues, mais en équilibre dans le dévers. Le Sherpa qui était descendu dans le fossé, face à lui, recule, et le tire au fond du fossé qui est plat. Les mécanos se concertent pour savoir s'ils peuvent tenter de redémarrer le camion ou pas. Le poids-lourd a passé près de 3h couché, et ils redoutent que de l'huile soit remonté dans les cylindres. Dans ce cas, le premier coup de démarreur pourrait être fatal... L'huile n'étant pas compressible, elle bloquerait les pistons, et les bielles casseraient en faisant un beau trou sur le coté du moteur... au final, le responsable prend le volant, et enclenche le démarreur petit coup par petit coup en essayant de déterminer si ça bloque ou pas...
Après quelques essais, il lance le démarreur et le moteur s'ébranle comme si de rien était. Pas la moindre fumée, pas la moindre fuite. Il enclenche la première et entreprend de descendre gentiement le long du fossé pour remettre le camion dans l'axe, puis passe la marche arrière et commence à reculer pour trouver un passage assez large pour mettre le camion perpendiculaire au fossé, face au talus. Les mécanos accrochent une sangle à un des Kerax qui est sur la route pour soulager un peu le
franchissement, mais le responsable Renault truck a un très bon coup de volant, et met les gaz au bon moment pour que le K2 franchisse le talus et retrouve ses "petits copains" sur la route. Il est l'heure de se restaurer.
Il fait près de 50° et il n'y a pas un poil d'air. Toute l'équipe se rassemble sur le terre plein situé de l'autre coté du lieu de l'accident, et le repas s'organise. Le pilote du K2 et ces deux passagers sont assez choqués. Ils nous décrivent l'accident, à la sortie d'un virage en léger dévers, le pilote s'est laissé piéger, et le camion, avec les pneu TT et sa charge haut placée a fait une embardée, habitué a conduire des tracteurs routiers, il a compensé un peu trop violemment et le Kerax s'est couché sur la route à 80 km/h. Ils ont glissé sur la route pendant environ 80 mètres pour finir dans le fossé. Nous réalisons qu'ils ont eu énormément de chance qu'aucun camion ne soit arrivé en sens inverse à ce moment la... et que le véhicule se soit couché sur la route et pas dans le fossé... Le gendarme Djiboutien qui nous escorte, nous explique qu'il y a beaucoup d'accidents à cet endroit-là, et nous montre un amas de tôle non loin de nous, sur le terre plein. C'est un accident qui a eu lieu il y a moins d'un mois, bilan deux morts...
L'ambiance se détend, et nous blaguons sur l'état des camions fréquentant cette route et sur celui de leurs chauffeurs blindés au kat... Nous sommes sur la route la plus dangereuse du coin. 5 minutes après, pendant que nous dégustons notre dessert (des glaces magnum) un camion local avec sa remorque finit sa course dans le talus à 15 mètres de nous, sur le terre-plein... il nous a évité de justesse... ses freins ont lâché, cuits par la chaleur et la surcharge. Les roue fument et une horrible odeur de garniture brulée envahit l'air... Il est furieux contre nous et nous ne comprenons pas pourquoi. Le gendarme nous explique que le terre-plein où nous nous sommes installés est en fait une voie de freinage d'urgence où les camions dont les freins lâchent, viennent essayer de s'arrêter... mieux vaut bouger...
Seulement le Kerax accidenté ne peut pas reprendre la route comme ça donc les mécanos doivent faire une vérification complète du véhicule.
L'organisation décide que le convoi va continuer d'avancer un peu pour aller installer le bivouac au plus près, et que les mécanos et le K2 rejoindront les camps une fois les contrôles effectués. Je décide de rester avec les mécanos pour leur filer un coup de main. Bien m'en a pris, en les aidant de mon mieux, et vu que j'ai un regard de novice en mécanique poids lourd, je me concentre sur l'observation des choses que je peux contrôler au mieux de mes connaissances : les alignements. Au bout d'un moment je remarque une pièces tordue, la désigne au mécano, il me regarde étonné, et me sourit, effectivement la pièce est tordue.
En deux secondes le bilan est fait, c'est le bras de levier du frein avant gauche qui est tordu. Ils soulèvent la roue du sol, elle est quasiment bloquée. En se tordant, l'axe a cassé son logement et la flasque qui maintient le mécanisme de frein est complètement tordue. Il faut tout démonter, le camion ne peut pas repartir comme ça.
Le responsable répartit les taches aux divers mécanos, qui savent tous ce qu'ils ont à faire... les ordinateurs sortent des pochettes, les microfiches sont consultées, et rapidement le bilan et l'inventaire de pièces est fait.
Un autre problème surgit, un des Sherpa descendu dans le fossé pour treuiller le Kerax y est toujours, et il refuse de démarrer... Le désert Djiboutien ne fait pas de prisonnier, nous sommes en Afrique, et le véhicule est resté plus de quatre heures à tourner sur place, à treuiller ou à tracter dans cette fournaise avec la clim à fond. Il y a une panne électrique... le calculateur s'est mis en sécurité. Le téléphone satellite et l'ordinateur entrent en action, et un des ingénieurs discute les codes d'erreur du calculateur avec son confrère à la maison mère en France... après un bon moment, multimètre à la main, téléphone à l'oreille et ordinateur sur les genoux, le verdict tombe : il y a une masse qui s'est créée au niveau du solénoïde de démarreur. Après une rapide inspection, le fautif est identifié, mais il est placé entre le chassis, les plaques de blindage et le turbo. Il faut démonter la moitié du camion pour accéder au démarreur... En bon pirate, je propose d'attaquer la cloison pare-feu par l'intérieur à la disqueuse histoire d'accéder au démarreur qui est juste derrière et de coller un petit coup de tournevis sur les bornes du solénoïde pour l'actionner en direct... l'ingénieur me fait des gros yeux : non il ne laissera personne approcher un de ses bébés avec une disqueuse, et encore moins un énergumène dans mon genre... je tente une approche plus raisonnable : "et... avec une perceuse et un gros forêt...si je peu passer le tournevis...."? on me fait gentiment comprendre que, non, pas de méthodes "Pirate" sur un véhicule à 1/2 million d'euro... je n'insiste pas... au final on accroche le Sherpa derrière le K2 dont les mécanos ont viré les freins avant et sanglé le pont avant, et hop direction le bivouac... à l'arrivée il est 2h du mat et tout le monde dort... je n'ai pas de tente... donc je dors sur le capot du Sherpa.
Le lendemain ... enfin 4 h plus tard, réveil, p'tit dej' sur le pouce, et en route ! Nous avons beaucoup de trajet à faire pour rattraper le retard. Le K2 et le S4 nous abandonnent il y a trop de réparations à faire ils seront convoyés directement à Nairobi pour y être réparés dans un atelier Renault. Après une route de 150 km, jonchée d'épaves affreusement broyées, la frontière Ethiopienne approche. Le chef de convoi nous demande de planquer tout le matériel photo et vidéo, car officiellement nous sommes "touristes". Ce fut la partie la plus fun mais aussi la plus dure du voyage, la clim et le frigo de notre Sherpa ayant des difficultés, il fait 47° dans le camion, et nous tournons à 20 petites bouteilles d'eau par personne et par jour.
Arrivé à la douane, le convoi ne passant que très moyennement inaperçu, les négociations s'entament pour savoir ce qui va être fouillé dans les camions... Inutile de vous dire que l'on commence à se dire que le cirque peut durer longtemps s'ils décident de faire l'inventaire du camion de pièces détachées caisse par caisse.
Nous avons une journée de retard, par rapport aux papiers de douane et toutes les raisons sont réunies pour nous montrer qui est le patron.
Mais bon tout le monde sourit et garde son calme, on fait amis amis avec les douaniers, et après quelques contributions aux bonnes œuvres locales, tout rentre dans l'ordre. Direction le bas du désert du Danakil, où nous ne pourrons finalement pas entrer car deux touristes Italien et un Américain ont sauté sur une mine. Les autorités et l'organisation ne souhaitant pas vérifier la résistance des soubassement de nos camions avec des journalistes a bord, nous optons pour une route plus au sud en longeant le Danakil. Après 150 km supplémentaire nous voici arrivés à notre deuxième bivouac dans une plaine désertique immense. Notre correspondant local nous fait bien comprendre que la zone est assez tendue et nous nous endormons entourés de huit garde des forces spéciales Ethiopiennes armés qui veillent sur notre sécurité.
Les habitants du coin, les Afars ayant la Kalachnikov facile et le sens de l'humour assez restreint, c'est pas plus mal.
Aujourd'hui, c'est décidé, j'abandonne lâchement mon pilote et mon Sherpa sans clim pour prendre place a bord du Sherpa presse qui a le droit de prendre de l'avance et de s'arrêter pour nous permettre d'effectuer des images du convoi.
Heureusement, car nous avons quitté la route (enfin si on peut appeler ça une route) et le convoi navigue dans un océan de poussière et il est carrément impossible de faire des photos en restant dans le convoi. Cela me donne l'occasion de voir que lorsque le rythme s'accélère, le Sherpa fait preuve de très bonnes reprises et nous remontons le convoi qui roule à 80 km/h sans problèmes. La piste large, défoncée et plate commence à vallonner et le paysage commence à changer. Nous abordons les contreforts des haut plateaux et la route se met à serpenter dans les collines, puis assez rapidement dans les montagnes. Notre petite troupe fait une halte pour la pause café, et nous prenons le temps d'admirer le panorama, nous sommes à 1800 m d'altitude, et derrière nous s'étirent les 100km de piste que nous venons de faire. La vue est magnifique, et nous sirotons notre café en regardant le paysage. Il est déjà temps de repartir, c'est pas tout ça mais il y a de la route à faire... Notre étape du jour nous emmène bien au-delà des 2800m, le paysage change radicalement, les rochers se couvrent peu à peu de végétation, puis d'une forêt d'eucalyptus. Nous retrouvons l'asphalte. Les camions mordent la route avec entrain, et les abords sont de plus en plus fréquentés. Nous traversons des hameaux, puis des villages colorés grouillant d'activité dans une sympathique anarchie où l'odeur divine du café fraichement torréfié est malheureusement souvent couverte par les fumées asphyxiante des camions Fiat de années 50 qui doivent consommer plus d'huile que de gasoil.... le paysage est magnifique et à la fin de la journée nous atteignons notre point de bivouac. Un endroit magnifique blotti au cœur d'une vallée magnifique, sur les berges d'une petite rivière.
Nous plantons nos tentes dans un champ de sauge sauvage et de menthe poivré. C'est la première fois depuis trois jour que l'air est respirable, et que la température est parfaite. Après un dîner délicieux préparé par notre chef "Mouss", je laisse mes compagnons de raid aller se coucher et je vais traîner du coté des camions assistance où les mécanos sont à l'œuvre. La maintenance n'ayant pas pu être faite car nous avons perdu une journée lors du crash du Kerax, il ont deux fois plus de boulot. Le chant poétique de la lame d'une disqueuse, les chauds éclairs d'un poste à souder m'ont appelé... Tiens finalement on adopte les méthodes pirates !!!
Un support d'évaporateur de circuit de frein a lâché et une réparation s'impose... Bien que ce soit tout a fait dans mes habitudes, le regard noir revient quand je propose de découper un morceau de pelle pour récupérer un bout de tôle afin de fabriquer une pâte de renfort... bon... bon j'ai rien dit.....
Je monte ma tente ou plutôt j'essaie... je ne suis décidément pas fait pour le camping... après une demie heure de combat et un honneur dans les chaussettes, un membre de l'équipe vient à mon secours... on peut pas être bon partout à la fois... je me réconforte à l'aide de quelques bières et un peu de sauvegarde de photos, il est l'heure de se glisser dans son duvet... sauf pour moi... le ciel est magnifique et plein d'étoiles, je sort donc tout mon matériel et mes flashs de studio pour faire des photos de nuit... au bout d'une heure je suis tombé trois fois dans le noir, dont une dans l'eau de la rivière heureusement très peu profonde, des insectes non identifiés ont envahi mes vêtements, je n'arrive pas a retrouver ma tente, mais je suis heureux, car j'ai pu faire l'image que je voulais.
Donc direction le sac de couchage.
A 7 heure le rituel recommence, pliage de tente, chargement des camions, p'tit dej', rangement du bivouac, et en route ! Au menu du jour 3 cols à plus de 2700m et 340 kilomètres de piste de montagne.... Pour arriver à Lalibela... Tout vous décrire serait trop long, et je n'arriverais pas à vous retranscrire la beauté des paysages. Nous quittons une région très verte pour replonger dans des espaces plus arides qui ne sont pas sans rappeler la région du grand canyon aux USA.
Des pentes vertigineuses que les bahuts grimpent sans soucis, des vallées où à perte de vue un paysage lunaire, et au final, même nos mastodontes semble infiniment petits tellement l'espace s'étend à perte de vue.... Ayant pris beaucoup d'avance avec le Sherpa presse pour faire des images du convoi dans la montagne, nous coupons le moteur et un silence d'une oppressante beauté nous a envahi. Je ne suis pas un grand sentimental dans l'âme, mais je dois avouer que le panorama qui s'offre à nos yeux est surréaliste... Au loin un imperceptible grondement se fait entendre... Le reste du groupe nous a rattrapé... fin du rêve.
J'enchaîne quelques clichés et le Sherpa s'ébroue, signe du départ...
Le pilote veut rester à l'avant le plus possible car sur ces pistes étroites à flanc de précipice, on ne double pas, et rester dans le convoi signifie manger de la poussière pendant les 80 kilomètres qui nous séparent de Lalibela.
Ces derniers kilomètres passent très vite et nous arrivons dans la ville Sainte où, au 6ème siècle, des hommes ont creusé la roche à mains nues pour établir ces églises gigantesques. C'est dur à expliquer, mais en gros c'est comme si la montagne avait été taillée dans la masse par une fraiseuse géante. Ces hommes devaient avoir une sacrée foi en dieu pour se lancer dans un travail aussi titanesque. Notre convoi traverse la ville et nous arrivons à l'hôtel qui est magnifique. C'est une ancienne résidence de dignitaire communiste à l'architecture très futuriste-années 50-marxiste, mâtinée d'un soupçon de mobilier safari en peau de bête. On voit que le lieu a du être splendide, mais l'entretien est plus que douteux, et l'hygiène des sanitaires est assez sommaire, mais les chambres sont spacieuses et confortables.
A l'accueil on nous prévient qu'il y a de l'eau chaude jusqu'à 8H00 donc il s'agit de se dépêcher pour se doucher... Par contre ils ne nous ont pas prévenu qu'il n'y aurait que de l'eau chaude. Très chaude ! Beaucoup trop chaude... et ce par les deux robinets...me voilà donc tel Pierre Richard en train d'essayer de me rincer sans m'ébouillanter, avec cette s*l*perie de gel douche qui veut pas partir sous le filet d'eau mélangé de vapeur qui sort du pommeau de douche. Je ne vais pas tarder à le lâcher car je me brule au troisième degré... Enfin bon je finis par m'en sortir, m'habille prestement, car c'est l'heure de l'apéro, et je compte bien tester la bière locale.
Je rejoint le groupe, ou un des membres de l'équipe me prend à part pour m'indiquer que je ne pourrais pas visiter les églises avec le groupe le lendemain car mon vol initialement prévu tard dans l' après-midi a été annulé à cause du vent, il me faut donc partir le lendemain matin a 5h00 et attendre ma correspondance pour le vol du soir à Addis Abeba. Dommage je ne verrais pas ces églises monolithique de près. Mais du coup on visitera Addis. S'en suit un dîner épique où la nourriture nous fit regretter notre chef, arrosé d'un vin qui avait du passer 10 jours dans un camion local en plein soleil à se faire secouer sur les pistes, mais où la bière comme souvent se révéla excellente et où en demandant le plat national, nous avons finalement réussi à nous régaler. J'ai bien conscience que critiquer la nourriture dans un pays où autant de gens meurent de faim est totalement déplacé, mais à part le plat national, une sorte de crêpe de mil fermenté, qui fut très bon, le reste était vraiment dur à avaler...
Le dernier jour, réveil aux aurores pour prendre le petit avion qui doit nous transférer à Addis, un dernier regard au parc des camions, et c'est la fin de l'aventure.
L'accueil réservé par l'équipe Renault truck a été formidable, et j'en ai pris plein les yeux...
Les véhicules nous on permis de tenir des moyennes hallucinantes aux vues des terrains parcourus, et le tout dans un sentiment de sécurité et de confort exceptionnel. Au fond je n'ai que deux regrets, ne pas être resté plus longtemps, et de ne pas avoir pu prendre en main un de ces monstres.... Mais ça je pense que vous auriez aimé aussi... C'est ce genre de moment qui me fait réaliser à quel point je suis privilégié ... J'espère vous avoir vous aussi permis de vous évader un petit peu. Mais bon! allez retournez au travail, il y a des protos a finir, de la caisse à découper et du véhicule à rehausser! [/align:9945d133e8]
Edgerider.
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Le recit par Casta :
Choc thermique ! Ou l'histoire d'un esquimau qui voulait voir un éléphant.
Vous allez pouvoir suivre étape par étape et à la sauce pirate, l'épopée Cape To Cape de l'équipe Renault Trucks partie le 1er mars du Cap Nord en Norvège pour rallier le cap de Bonne-Espérance en Afrique du Sud. Et oui rien que ça ! C'est tellement allumé comme idée que nous ne pouvions passer à côté de ce cet évènement Français, oui Monsieur une expédition française avec des trucks français, sortez la baguette et le litron.
Bon, le temps d'affûter légèrement les trucks, de passer la doudoune par-dessus le maillot de bain, de réviser les recettes de l'ours polaire sauce gribiche et du requin du cap à l'oseille ; bref quelques mois de préparations et cap au Sud depuis le point le plus au Nord du continent européen.
Ce n’est pas tous les jours qu’un GPS affiche la coordonnée 71°10’21’’ de latitude nord !

Quatre Kerax, six Sherpa Renault Trucks sont chargés du matériel et d'une équipe dont l'émotion est la première récompense de ces longs mois de préparation. Sur eux repose la confiance de toute l'entreprise Renault Trucks qui a eu les gonades de tenter pareille folie délicieuse.
Voici un extrait de la première page de leur journal de bord :
"Fidèle à sa réputation, le Cap Nord, situé sur l’île de Mageroya accueille ses hôtes de passage par de la neige, un vent glacial et une température de -20°. Une fois là-haut, il n’y a pas d’autre choix que de mettre le cap vers le sud et c’est sans se faire prier que toute l’armada s’y soumet !
Sur la route, les salariés de Renault Trucks ont droit à une infinité de nuances dans le relief et les paysages. L’itinéraire, parfois étroit et très souvent verglacé, passe au pied de massifs montagneux, parfois en empruntant des tunnels creusés dans la roche.
Longeant les hautes falaises, Sherpas et Kerax arrivent à Honningsvag, un port de pêche norvégien, niché dans un fjord étroit. Utilisé comme base retranchée par les Allemands lors de la Seconde Guerre Mondiale, il a ensuite accueilli les bateaux plus pacifiques des pêcheurs du coin, qui sont ainsi protégés des tempêtes. C’est que sur les côtes déchiquetées du nord-est de la Norvège, le vent peut être particulièrement violent.
L’ensemble des pilotes de l’équipe Cape to Cape n’était pas peu fier de ces premiers tours de roues et s’engage avec sérénité pour la prochaine étape : la découverte de la Russie."


Gageons que vous aurez plaisir à suivre la belle aventure de cette belle bande de pirates de l'Armada rougeoyante des Renault trucks.
Edit Bebop : Suite du 29 Avril :
Sur les traces de Michel Strogoff : et hop un traineau dans l'fossé, elle est bonne hein la vodka.

Nous avions laissé nos aventuriers dans les fjords de Norvège qui donnèrent leur nom à un célèbre yaourth, les voici à se geler les gommards chez Vladimir (Russie) dont les douaniers sont pas pressés.
Sur la route entre Neiden (en Norvège) et la frontière russe, un sherpa commet une légère déviation du cap sur un petit verglas (foutent rien la DDE en Norvège) et paf au tas le sherpa, pas de bobo et un kerax sortira le sherpa de ce mauvais pas.

Une petite péripétie, mais nos flibustiers de Renault trucks vont avoir tout le temps de se reposer au poste frontière avec la Russie : seize heures d'attente, comme chez nous à la poste!
Pendant que visas et autres paperasses sont épluchés, ré-épluchés, nos joyeux pirates tapent un foot sur glace après avoir fabriqué un ballon avec du ruban adhésif.
Pendant ce temps la, la seule l'une des personne rempli le journal de bord:
"A deux heures du matin, la barrière se lève enfin…jusqu’au premier check-point dix kilomètres plus loin. Tout cela et l’immense ville industrielle et sans charme de Mourmansk nous rappelle que l’ex-empire soviétique n’est pas si loin que ça.
Mais à défaut d’attirer les tour-operators, les habitants de Mourmansk offrent une hospitalité sans borne. La caravane est accueillie par des applaudissements et par un engouement populaire qui fait chaud au cœur. En nous voyant arriver, petits et grands sortent en un clin d’œil leur appareils photos ou leur portable pour se faire photographier à côté de nos véhicules. Espérons que les habitants de Saint Petersburg, prochaine étape nous réserve le même accueil !"


Rendez vous donc à Saint Pierre le bourg (Saint Petersbourg).
Edit Bebop : Suite du 4 Mai :
La place rouge était vide chantait Nougaro,
Do svidania Saint-Pétersbourg, Privet Moscou
Le jeudi 12 mars l'équipée cape to cape pose ses cantines à deux pas de la Place Rouge, dont la couleur fut choisie à l'époque en prévision de la visite des sherpas et kerax, si si .
L'escale à Saint Pétersbourg a permis aux hommes de voir un peu de civilisation, et pour les machines l'occasion d'une inspection et d'un nettoyage généralisé, on voyait plus le rouge. Avant tout il fallait se reposer un peu les yeux, pour prendre le temps d'assimiler les paysages traversés lors des étapes précédentes avant de rallier Moscou en traversant un autre bout de paradis.


Prend à gauche qu'on voit où ça mène, oui je sais la DDE est pas passée, tiens un routier, ça roule encore ça



Dernier Bivouc avant Moscou : Ostachkov (Осташков).
La douche, la soupe et au lit en prévision d'un réveil au chant du coq, tiens d'ailleurs il est où le coq, quoi dans la soupe, mais bordel comment on se réveille demain.

Bon c'est pas que des vacances, faudrait voir à vendre deux ou trois
Donc arrêt pour une séance de toilettage, lustrage du poil chez le concessionnaire Renault Trucks au nord de Moscou avant une petite parade en centre ville.
Le lendemain c'est l'évènement avec la présentation devant un beau parterre de tous ceux, impatients de découvrir le sherpa qui rencontre d'ailleurs un franc succès (cocorico, si fredi). Oui y'a pas que les Russes, nous aussi on en veut un.
C'est pas le moment de faire une goutte d'huile sur la moquette, le sherpa est présenté dans une galerie d'art, devant l'ambassadeur de France. Gégé t'as pris les ferreros au fait.
Le marché Russe est énorme, ils ont même l'idée saugrenue zet délicieuse de faire une version 8x8 du kerax, non mais c'est vrai des fois que ça soit légèrement boueux ou pire qu'il y ait de la neige.
Le Dimanche 15 mars la caravane quitte Moscou, cap au Sud (pas compliquée la navigation) direction Voronej.

Edit Bebop : Le Raid, en video (liens HS en cours de reparation) :
Premiere etape le depart du Cap nord.

Click droit sur l'image, "enregistrer la cible sous".
Format .mp4 s'ouvre avec VLC
Seconde étape direction St petersbourg.
hxxp://pirate4x4.fr/Edgerider/cape_to_cape/videos/Etape02_St_petersburg.mp4
Troisième étape, moscou.
hxxp://pirate4x4.fr/Edgerider/cape_to_cape/videos/Etape03_Moscou.mp4
Etape suivante retour en Europe.
hxxp://pirate4x4.fr/Edgerider/cape_to_cape/videos/Etape04_Kiev.mp4
Puis la turquie.
hxxp://pirate4x4.fr/Edgerider/cape_to_cape/videos/Etape05_Turquie_istambul.mp4
Les 2 dernières dispos :
hxxp://www.pirate4x4.fr/Edgerider/cape_to_cape/videos/Etape06_Turquie_Urgup.mp4
hxxp://www.pirate4x4.fr/Edgerider/cape_to_cape/videos/Etape07_Syrie.mp4

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